À l’occasion de l’exposition Paysage japonais au musée Guimet à Paris (exposition qui a eu lieu en 2017), revenons sur l’art de l’Ukiyo-e
Des estampes pour décrire des paysages et la vie qui va avec
A l’origine de l’Ukiyo-e, la peinture du genre Fuzoku-ga apparut à la fin du XVIe siècle. Cet art permettait la représentation de scènes de la vie quotidienne. L’ukyio-e en est un dérivé qui a pris une importance considérable à partir du XVIIIe siècle, notamment en permettant une plus grande diffusion des œuvres.
Le mot Ukiyo signifie littéralement « le monde flottant », à l’origine le monde des plaisirs. Mais c’est devenu synonyme de représentation de la vie quotidienne au Japon durant l’époque Edo de 1603 à 1868. L’Ukyio-e est le nom donné pour l’image de ce monde flottant. L’Ukyio-e possède ses propres règles dans la création des estampes japonaises. Le dessinateur est entouré d’un éditeur, d’un graveur et d’un imprimeur pour réalisation complète des oeuvres. Il était très courant de réaliser des séries d’estampes sur une thématique comme le Mont Fuji, Edo ou les paysages des routes appelées Tokaido ou Nakasendo. Ces routes reliant Kyoto à Edo (actuellement Tokyo) étaient très prisées par les marchands et les seigneurs et sont devenus les premières routes touristiques au Japon avec notamment des guides illustrés.
Les deux grands maîtres de l’estampe de voyage, fukei-ga, sont Katsushika Hokusai (1760-1849) et Ando Hiroshige (1797-1858) de son nom d’artiste Utagawa Hiroshige.
La technique de base des Ukyio-e utilise la gravure sur des blocs de bois de cerisier, le nom japonais est hanga pour xylogravure. Le dessinateur va utiliser pinceaux et encre de Chine pour la réalisation du dessin, le tout sur un papier translucide. Ces dessins détaillées sont appelés hanshitae. C’est grâce à ces derniers que le graveur va pouvoir concrétisé l’œuvre du dessinateur. Le graveur utilise plusieurs plaques de bois pour faire ressortir les différents motifs. Chaque motif ayant une couleur différente. Pour réaliser cette mise en relief, le graveur utilisait les dessins originaux de l’artiste qui étaient donc détruits. Il peut arriver aussi qu’une planche soit utilisé des deux côtés et que plusieurs motifs (entre 2 et 3) soient sur la même planche.
L’imprimeur prend ensuite le relais. Il encre chaque motif sur les planches avec la couleur voulue par le dessinateur. Il va ensuite prendre une feuille de papier et commencer l’encrage. Pour chaque planche il va encrer la feuille de papier en utilisant un repère sur le dessin appelés Kento. Ce type d’estampe est connu sous le nom de nishiki-e et est dérivé des estampes utilisés pour les calendriers, e-goyomi. L’encrage de la mise en couleur du dessin se faisait via un tampon appelé Baren. Il pouvait ainsi donner vie au dessin avec plus ou moins d’insistance sur l’encrage.
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L’occident à découvert ses peintures au milieu du XIXe siècle et elles ont une influence certaine lors du mouvement des impressionnistes en France. Il y a eu ainsi un courant d’art appelé Japonisme touchant principalement les artistes français principalement durant la seconde moitié du XIXe siècle.
Malgré l’arrivée de nouveaux procédés comme la photographie, l’Ukyio-e s’est développé au début du XXe siècle avec un nouveau style appelé Shin Hanga. L’un des principaux artistes est Kawasa Hasui. En parallèle à ces nouvelles estampes, est apparu le mouvement Sosaku hanga où le dessinateur occupait tous les postes (de l’éditeur à l’imprimeur). Cela lui donnait une liberté complète sur la réalisation de ses oeuvres.
L’exposition présente des œuvres de grande valeur permettant d’apprécier l’art de ces artistes dans la pérégrination de voyages.
Les artistes Hiroshige et Hokusai sont accompagnés d’artistes un peu moins connus (pour le grand public) mais tout aussi admirable à regarder. Certaines estampes présentent la divinisation des éléments avec notamment la montagne et l’eau alors que d’autres veulent montrer le paysage comme un lieu de vie.
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