Note d’intention

A l’origine il y a déjà un réel attrait pour le Japon. Un attrait qui pour l’un s’était concrétisé par de nombreux voyages et pour l’autre par plus d’une quinzaine d’années de collaboration avec des équipes de télévision nippone. Ensuite il y a une promesse, une rémission et un voyage. Des premiers pas sur l’archipel japonais, la découverte in situ de la culture, de la société, et surtout un fil rouge.

La découverte des châteaux japonais.

Un choix né d’une étrange constatation. Quasi personne hors du Japon ne connaît l’existence de ces châteaux. A une exception notable, le site d’Himeji, que l’on peut qualifier de «Versailles» japonais, et dont la réouverture au printemps 2015, après plus de 5 ans de rénovation est déjà annoncée comme un événement international.

Nous avons donc sillonné le Japon durant 15 jours, passant d’un site à l’autre, découvrant des merveilles d’architecture et des lieux chargés d’histoire. Nous avons arpenté des chemins escarpés, gravis des escaliers, tenté de communiquer dans un improbable mélange de japonais et d’anglais, rêvé face aux paysages dévoilés. Et plus nous remplissions notre mémoire, physique et numérique d’images, plus se faisait jour un irrépressible besoin de partage.

Nous ne le savions pas encore, mais le projet « la balade du Sakura » venait de naître.

C’était il y a un peu plus d’un an. Une année durant laquelle nous avons pris le temps de faire grandir, de faire mûrir notre projet.

Alors, les châteaux japonais, terra incognita !

Malheureusement oui ! Un peu comme si un pan entier de la culture et de l’histoire nippone avait été zappé ! Et pourtant la société française est considérée comme particulièrement japonisante. Le succès jamais démenti d’expositions, comme « Samouraïs » au musée du Quai Branly, ou « Hiroshige » à la Pinacothèque, vient, si c’est vraiment nécessaire, l’attester. A croire que les armures colorées, et les sabres rutilants nous ont fait oublier que ces fiers guerriers avaient un toit sur la tête.

C’est donc ce toit, ces toits, ce qu’ils furent hier et ce qu’ils sont aujourd’hui que nous souhaitons vous faire découvrir.

Disons le clairement, nous ne voulons ni être didactique, ni multiplier les explications rébarbatives. Après tout c’est une balade à laquelle nous vous convions ! Nous avons donc choisi de faire accompagner notre voix off, d’un samouraï imaginaire durant cette balade. Un « esprit » cultivé, tout aussi versé dans les arts de la guerre que dans ceux des lettres. Une voix qui viendra, en contrepoint ou en complément, nous conter une anecdote, nous expliquer un détail dans l’architecture, ou simplement nous indiquer le chemin. Une voix du passé, pour éclairer le présent.

Car au fond, et au delà du simple aspect touristique, notre volonté est bien de montrer, qu’après avoir été un temps rejeter ou laisser à l’abandon, ces lieux historiques sont désormais les gardiens de traditions culturelles et artisanales.

A ce titre, l’histoire du château de Bitchu Matsuyama en est un des plus beaux exemples. La volonté et le travail collectif, la fierté, que l’on retrouve dans la reconstruction de la plupart des châteaux japonais, et dans celui-­ci en particulier, peuvent en témoigner. Laissé à l’abandon dans les années 1870, il n’est plus que ruines au début du 20ième siècle. Pourtant la force des habitants de Takahashi, ville que domine le château, a permis de le rénover dès les années 1930. C’est aujourd’hui d’ailleurs le plus haut château « original » du Japon, car tout fut fait en respectant les techniques et matériaux de constructions d’origine.

Autant de savoir-­faire qui sont actuellement à l’oeuvre dans l’immense chantier de rénovation du château d’Himeji.

Aujourd’hui les armées ont disparues. Désormais c’est une armada de visiteurs qui se lance à l’assaut des fortifications.

Ils gravissent les escaliers quasi verticaux entre les étages des tenshu (donjon), une main crispée sur des rambardes en bambou. Ils assistent émerveillées aux festivals commémorant la vie des samouraïs, ou découvrent au prix de longs efforts ce que signifiait revêtir une armure.

Une présence qui fait vibrer les murs, grincer les parquets de ces vieux édifices. Une présence signe aussi, pour nombre de visiteurs, d’une envie, d’un besoin de retrouver ses sources, ses racines.

Au delà de l’image d’Epinal d’un Japon, société entre tradition et modernisme, c’est toute l’influence de plus de 8 siècles de domination des samouraïs et du Bushido, que viennent nous raconter les châteaux japonais. La voie du guerrier en devenant peu à peu l’assise de la civilisation nippone, a marqué et marque encore profondément la vie sociale et culturelle japonaise. Nous espérons aussi au travers de ce projet et de cette balade de châteaux en châteaux, montrer un peu comment ces échos du passé vibrent encore aujourd’hui.

Puisque nous avons évoqué le Bushido, profitons en pour revenir sur le choix de notre titre. D’aucun d’entre vous pourrait s’étonner de l’utilisation du terme Sakura, référence à la période bien connue des cerisiers en fleurs. Pourtant cette période est aussi intimement liée au code du samouraï. Que la fleur du cerisier ne fane pas, mais disparaisse emportée par le vent, y est un rappel que nous pouvons nous aussi mourir à tout moment.

Une fleur qui est le symbole des samouraïs, celle de notre compagnon de balade.

Enfin, nous voudrions aussi vous éclairer sur nos choix, en terme d’images et de sons. Une fois encore c’est vraiment l’idée de balade que nous voulons mettre en avant. Cela non seulement en alternant plans à l’épaule et plans plus posés (plan fixe ou léger pano) pour, à notre gré, arrêter le regard du spectateur et le faire se porter sur un paysage ou un détail. Mais aussi en gardant toujours une vraie simplicité dans la composition des images, et en adoptant le rythme d’une promenade tranquille. Notons aussi, que nous utiliserons, car c’est aujourd’hui un des meilleurs moyens de réaliser des images d’architecture, un drone léger de notre conception.

Coté son, il en sera de même. La musique, qui sera une composition originale, occupera une place de première importance aux cotés des voix du documentaire. Elle viendra renforcer les ambiances naturelles, souligner les propos ou magnifier les images, bien plus que simplement les accompagner.

Les châteaux japonais, terra incognita !

Assurément vous répondrez « plus tout à fait » une fois que vous aurez à nos cotés parcouru les chemins de « la balade du Sakura ».