PITCH
Guetteurs immobiles, gardiens aux pieds de pierre, ils ont traversé les siècles, faisant face, vaille que vaille, aux éléments et aux hommes.
Ils connurent leur âge d’or avec les samouraïs.
Et aujourd’hui ils viennent fièrement nous rappeler qu’ils restent les gardiens de traditions culturelles et artisanales centenaires.
La balade du Sakura nous entraîne à la découverte des châteaux japonais.
SYNOPSIS
Pendant plus de 8 siècles, les samouraïs dominèrent le Japon, le Bushido, la voie du guerrier, devenant peu à peu l’assise de la civilisation nippone.
Avec les samouraïs vinrent les premiers châteaux.
L’histoire des châteaux commence avec le besoin de se protéger des invasions barbares venues du sud du Japon. Il s’agissait le plus souvent de simple fortin de bois, à l’existence tout aussi éphémère que les palissades les protégeant des charges de cavalerie ennemies.
Plus tard, durant « l’âge des provinces en guerre », l’ère Sengoku de 1477 à 1573 environ, ces structures défensives de base, laissèrent place aux premiers châteaux. Il s’agissait bien souvent d’une simple tour de guet placée au sommet d’une haute colline, servant, si la situation devenait désespérée, d’ultime refuge au daimyo local.
Oda Nobunaga, puissant seigneur de guerre, fut le premier shogun à tenter d’unifier le pays. Une tentative qui se fit par les armes et lui valut le surnom de roi démon. Le premier à faire usage des armes à feu lors de batailles, il fut aussi à l’origine d’un profond changement dans l’art d’user des châteaux.
La construction de la forteresse d’Azuchi, dont aujourd’hui il ne reste plus que les ruines, marque l’ouverture d’une période d’un peu moins d’un siècle, où les châteaux devinrent ce que nous pouvons en voir aujourd’hui.
Ce fut le temps des châteaux.
Non seulement les châteaux gagnèrent en superficie et ornementation, mais leur rôle évolua lui aussi. À coté de leur fonction militaire, ils devinrent de vrai centre politique et économique, symbole de puissance de leur daimyo.
Construits et maintes fois reconstruits pour avoir subi les affres du feu, des tremblements de terre, ou des typhons, bien plus souvent que celles des combats, ils furent à chaque fois sacrifiés sur l’autel de la politique.
Tokugawa Ieyasu, premier shogun de son clan, oeuvra à l’unification du Japon avec une politique dont un des aspects pourrait se résumer à « un domaine, un château » et nombre d’édifices disparurent à cette époque.
Plus tard, les premières années de 1868 à 1912 de l’ère Meiji, qui marque l’entrée du Japon dans le monde moderne, virent elles aussi la disparition de nombreux châteaux dans un véritable programme étatique de destruction. Le passé et ses symboles devaient être effacés.
La Seconde Guerre mondiale et ses bombardements apportant finalement une dernière touche au travail de sape dont les châteaux avaient jusque-là été victimes.
Et pourtant !
Ces immenses défenseurs aux pieds de pierre surent une fois encore renaître de leurs cendres.
Et si ce fut le cas, les traces profondes que la voie du guerrier a laissées dans l’inconscient du peuple nippon, n’y sont pas étrangères.
Arrêtons-nous un instant pour tenter de mieux comprendre cette influence du Bushido.
Miyamoto Musashi, maître du sabre, dont les écrits sont célèbres dans le monde entier décrit ainsi la voie du guerrier.
« Quelles que soient les circonstances, le guerrier accomplit sa voie en dominant les autres. Qu’il s’agisse d’un duel ou d’un combat collectif, il songe avant tout à servir les intérêts de son seigneur autant que les siens propres, afin de se bâtir une réputation et d’obtenir la reconnaissance de la société. »
Au-delà de l’évidente notion de compétition, l’humilité et la fierté sont finalement les deux grandes notions que l’on peut tirer de cette définition.
Humilité d’avant tout servir les intérêts de son seigneur.
Fierté dans la réputation et la reconnaissance.
Et c’est bien la fierté, cette fierté d’appartenir à une nation, qui fut dans les années 1960 le moteur de la grande campagne de reconstruction.
Ainsi les châteaux, en leurs temps abandonnés car considérés comme les vestiges d’une ère révolue, devinrent les gardiens d’un passé guerrier que l’on qualifierait aujourd’hui de politiquement correct.
Qu’ils aient été transformés en musée, ou restaurés de façon à conserver leur aspect d’origine, qu’ils soient classés trésor national ou simplement monument historique, ils drainent aujourd’hui des foules de visiteurs, cherchant, si ce n’est à retrouver, tout du moins s’imprégner de ce passé.
Une démarche de recherche d’un passé authentique, qui perdure, et s’amplifie comme en témoignent les travaux de réhabilitation de certains bâtiments du château de Nagoya en suivant les techniques d’origine de construction et plus encore l’immense chantier de restauration du donjon du château d’Himeji.